Les Journées de l’URBH sont devenues un événement de référence. Pourriez-vous nous en parler ?
Marc Drezen : Les premières Journées d’études se sont tenues à Rennes en octobre 1984, un an après la création de l’URBH. L’année 2025 marquera donc la quarantième édition de cet événement désormais incontournable, en tenant compte de l’interruption de 2020, due à la crise sanitaire liée au Covid. Aujourd’hui, ces Journées occupent une place reconnue dans le paysage national, et sont devenues une référence pour l’ensemble des professionnels de la fonction linge dans le secteur sanitaire et médico-social. Leur succès repose avant tout sur la qualité des interventions, riches en échanges et en retours d’expérience, fidèles à l’esprit d’ouverture et de partage voulu par les fondateurs de l’URBH – qui est aujourd’hui l’une des plus anciennes associations professionnelles du secteur public. Mais ce succès est également le fruit de l’engagement sans faille de notre conseil d’administration.
Pourriez-vous nous en dire plus ?
Entièrement composé de bénévoles, il œuvre tout au long de l’année pour faire vivre l’association et organiser des Journées de grande qualité. Une telle dynamique impose une organisation rigoureuse, des moyens financiers solides et une mobilisation constante. À ce titre, je tiens aussi à saluer le soutien de nos près de 400 adhérents, représentant plus de 200 établissements publics répartis sur tout le territoire, ainsi que celui de nos partenaires fidèles, présents chaque année au sein de l’exposition technique. L’édition 2025 s’annonce d’ores et déjà exceptionnelle : avec 300 blanchisseurs hospitaliers inscrits et 75 exposants attendus, nous atteignons un niveau de participation inédit. Nous avons bien l’intention de rendre cet anniversaire inoubliable, notamment à travers la soirée de gala, mais aussi grâce à la présence des quatre derniers présidents de l’URBH – Thierry Desenzani, Florent Bachelin, Laurence Brûlé et Andy Nguyen.
En 40 ans, le métier a profondément évolué. Quelles ont été, à votre sens, les mutations les plus marquantes ?
La transformation la plus significative reste, à mes yeux, la professionnalisation de la fonction linge, à la fois symbolisée par la généralisation de la démarche RABC, désormais ancrée dans toutes les blanchisseries, et par la création des GCS et GIP de blanchisseries hospitalières, qui a permis de mutualiser les moyens et de renforcer nos capacités d’investissement. Ces structures ont favorisé l’acquisition d’équipements plus performants, soutenant ainsi l’industrialisation et la montée en charge de notre activité. L’évolution est spectaculaire : lorsque j’ai rejoint la Blanchisserie toulousaine de santé il y a 18 ans, nous traitions 12 tonnes de linge par jour. Aujourd’hui, nous en traitons 27 tonnes quotidiennement – soit plus du double – avec des équipements toujours plus efficients et sobres en énergie.
Les progrès ne s’arrêtent pas là…
De nombreuses actions ont également été menées pour réduire la pénibilité des tâches et améliorer les conditions de travail des agents. Et l’avenir s’annonce prometteur, notamment avec l’arrivée prochaine, dans deux à trois ans, du tri automatisé du linge sale dans les blanchisseries françaises. Inspirée de pratiques déjà en place chez nos voisins allemands, cette innovation représente un nouveau saut technologique qui améliorera considérablement de la qualité de vie au travail de nos équipes. Parallèlement, des efforts significatifs ont été déployés pour réduire l’empreinte environnementale de nos structures : limitation des rejets dans les effluents, baisse des consommations d’eau et d’énergie… Les résultats sont au rendez-vous, mais il est encore possible d’aller plus loin, d’autant que nous disposons désormais d’un nouveau levier majeur : le nouveau décret publié ce printemps sur la réutilisation des eaux usées ouvre la voie à des économies d’eau estimée entre 50 et 90 %. Plusieurs projets sont déjà en cours, dont celui de la nouvelle blanchisserie de Colmar, qui adoptera ce procédé de manière intégrale. La révolution environnementale est bel et bien en marche !
Quelles autres pistes sont envisagées ?
Nous disposons encore d’une belle marge de progression, notamment en matière de réduction de l’usage du plastique pour l’emballage du linge propre. Dans cette logique, il a été développé en commun, avec Olivier Sauvaget, responsable du GCS blanchisserie et logistique de la Charente, et Hervé Dumoulin, responsable de la blanchisserie de Poitiers, une ensacheuse textile désormais commercialisée et qui sera en fonctionnement à Angoulême en 2027. Le recyclage des textiles usagés représente également une piste prometteuse. Une loi a bien été adoptée pour encadrer cette démarche, mais il n’existe à ce jour aucune filière industrielle structurée, faute de prestataire spécialisé. Un projet ambitieux est cependant à l’étude en Moselle, visant à reconvertir d’anciennes fonderies en un centre européen de recyclage textile. S’il voit le jour dans les deux ou trois prochaines années, comme annoncé, il pourrait offrir aux blanchisseries hospitalières une réelle opportunité de s’engager dans une économie circulaire à grande échelle. Ce sujet stratégique sera d’ailleurs évoqué lors des 40èmes Journées d’études et de formation de l’URBH, tout comme les retours d’expérience autour de la réutilisation des eaux usées.
Justement, quelles seront les grandes thématiques abordées lors de cette édition 2025 ?
Nous traiterons notamment de la prévention des risques d’incendie dans les blanchisseries hospitalières, un sujet encore peu discuté malgré sa gravité. Il nous semble indispensable de sensibiliser l’ensemble de la profession car, au-delà des dégâts matériels, toute interruption de notre activité impacte directement la continuité des soins. Autre sujet phare : l’intelligence artificielle appliquée aux blanchisseries hospitalières, particulièrement les perspectives ouvertes par les systèmes intelligents de pilotage des flux. Ces technologies nous permettront d’accéder à des indicateurs plus fiables et en temps réel, tout en repositionnant l’humain sur des missions à plus forte valeur ajoutée. Nous parlerons bien sûr aussi de robotique, un domaine en pleine accélération avec l’émergence d’une nouvelle génération d’équipements automatisés, pour le tri au sale comme je l’évoquais plus haut, mais aussi pour l’engagement des éponges, par exemple. À savoir : la sécurité incendie, le recyclage des textiles, l’intelligence artificielle et la robotique seront à la fois traités en session plénière et dans le cadre d’ateliers, avec une restitution des travaux le lendemain.
Qu’en est-il des autres sessions plénières ?
La RSE figurera naturellement parmi les thématiques majeures de cette édition, pour acculturer les congressistes à ses différentes dimensions et ouvrir la réflexion sur les leviers concrets d’application dans nos blanchisseries hospitalières. Nous proposerons également une intervention dédiée aux évolutions récentes du « Guide RABC », document de référence régulièrement actualisé. Dans le même esprit, notre « Guide de la fonction linge dans les maisons de retraite » fera prochainement l’objet d’une révision. Ce sera l’occasion de revenir sur les travaux en cours, tout en abordant les problématiques spécifiques au linge des résidents. Sur ce sujet, nous observons d’ailleurs un phénomène intéressant : plusieurs établissements ayant précédemment externalisé ce traitement auprès d’acteurs privés reviennent aujourd’hui à une gestion en interne. Beaucoup mettent en place un service laverie dédié, mais il est également possible de réintégrer cette activité dans une blanchisserie hospitalière industrielle. Cette dernière option sera développée en séance.
Le mot de la fin ?
Il est difficile de citer tous les temps forts de cette édition anniversaire, mais je terminerai en évoquant deux moments symboliques : la remise du trophée Certification NF EN 14065, co-organisée avec l’AFNOR, qui récompensera cette année la blanchisserie de l’Hôpital intercommunal Baugeois Vallée ; et la remise d’un don à Sidaction, dans la continuité de l’engagement que nous renouvelons chaque année, en apportant notre soutien à une structure œuvrant pour l’intérêt général. En tout état de cause, cette 40ème édition des Journées d’études et de formation marque une étape importante dans l’histoire de l’URBH. Elle témoigne de la vitalité d’un réseau engagé, capable de s’adapter aux évolutions technologiques, environnementales et sociétales. Plus que jamais, ces Journées seront l’occasion d’ouvrir des perspectives pour préparer l’avenir, avec ambition et responsabilité.
> Plus d’informations sur le site de l’URBH.
Marc Drezen : Les premières Journées d’études se sont tenues à Rennes en octobre 1984, un an après la création de l’URBH. L’année 2025 marquera donc la quarantième édition de cet événement désormais incontournable, en tenant compte de l’interruption de 2020, due à la crise sanitaire liée au Covid. Aujourd’hui, ces Journées occupent une place reconnue dans le paysage national, et sont devenues une référence pour l’ensemble des professionnels de la fonction linge dans le secteur sanitaire et médico-social. Leur succès repose avant tout sur la qualité des interventions, riches en échanges et en retours d’expérience, fidèles à l’esprit d’ouverture et de partage voulu par les fondateurs de l’URBH – qui est aujourd’hui l’une des plus anciennes associations professionnelles du secteur public. Mais ce succès est également le fruit de l’engagement sans faille de notre conseil d’administration.
Pourriez-vous nous en dire plus ?
Entièrement composé de bénévoles, il œuvre tout au long de l’année pour faire vivre l’association et organiser des Journées de grande qualité. Une telle dynamique impose une organisation rigoureuse, des moyens financiers solides et une mobilisation constante. À ce titre, je tiens aussi à saluer le soutien de nos près de 400 adhérents, représentant plus de 200 établissements publics répartis sur tout le territoire, ainsi que celui de nos partenaires fidèles, présents chaque année au sein de l’exposition technique. L’édition 2025 s’annonce d’ores et déjà exceptionnelle : avec 300 blanchisseurs hospitaliers inscrits et 75 exposants attendus, nous atteignons un niveau de participation inédit. Nous avons bien l’intention de rendre cet anniversaire inoubliable, notamment à travers la soirée de gala, mais aussi grâce à la présence des quatre derniers présidents de l’URBH – Thierry Desenzani, Florent Bachelin, Laurence Brûlé et Andy Nguyen.
En 40 ans, le métier a profondément évolué. Quelles ont été, à votre sens, les mutations les plus marquantes ?
La transformation la plus significative reste, à mes yeux, la professionnalisation de la fonction linge, à la fois symbolisée par la généralisation de la démarche RABC, désormais ancrée dans toutes les blanchisseries, et par la création des GCS et GIP de blanchisseries hospitalières, qui a permis de mutualiser les moyens et de renforcer nos capacités d’investissement. Ces structures ont favorisé l’acquisition d’équipements plus performants, soutenant ainsi l’industrialisation et la montée en charge de notre activité. L’évolution est spectaculaire : lorsque j’ai rejoint la Blanchisserie toulousaine de santé il y a 18 ans, nous traitions 12 tonnes de linge par jour. Aujourd’hui, nous en traitons 27 tonnes quotidiennement – soit plus du double – avec des équipements toujours plus efficients et sobres en énergie.
Les progrès ne s’arrêtent pas là…
De nombreuses actions ont également été menées pour réduire la pénibilité des tâches et améliorer les conditions de travail des agents. Et l’avenir s’annonce prometteur, notamment avec l’arrivée prochaine, dans deux à trois ans, du tri automatisé du linge sale dans les blanchisseries françaises. Inspirée de pratiques déjà en place chez nos voisins allemands, cette innovation représente un nouveau saut technologique qui améliorera considérablement de la qualité de vie au travail de nos équipes. Parallèlement, des efforts significatifs ont été déployés pour réduire l’empreinte environnementale de nos structures : limitation des rejets dans les effluents, baisse des consommations d’eau et d’énergie… Les résultats sont au rendez-vous, mais il est encore possible d’aller plus loin, d’autant que nous disposons désormais d’un nouveau levier majeur : le nouveau décret publié ce printemps sur la réutilisation des eaux usées ouvre la voie à des économies d’eau estimée entre 50 et 90 %. Plusieurs projets sont déjà en cours, dont celui de la nouvelle blanchisserie de Colmar, qui adoptera ce procédé de manière intégrale. La révolution environnementale est bel et bien en marche !
Quelles autres pistes sont envisagées ?
Nous disposons encore d’une belle marge de progression, notamment en matière de réduction de l’usage du plastique pour l’emballage du linge propre. Dans cette logique, il a été développé en commun, avec Olivier Sauvaget, responsable du GCS blanchisserie et logistique de la Charente, et Hervé Dumoulin, responsable de la blanchisserie de Poitiers, une ensacheuse textile désormais commercialisée et qui sera en fonctionnement à Angoulême en 2027. Le recyclage des textiles usagés représente également une piste prometteuse. Une loi a bien été adoptée pour encadrer cette démarche, mais il n’existe à ce jour aucune filière industrielle structurée, faute de prestataire spécialisé. Un projet ambitieux est cependant à l’étude en Moselle, visant à reconvertir d’anciennes fonderies en un centre européen de recyclage textile. S’il voit le jour dans les deux ou trois prochaines années, comme annoncé, il pourrait offrir aux blanchisseries hospitalières une réelle opportunité de s’engager dans une économie circulaire à grande échelle. Ce sujet stratégique sera d’ailleurs évoqué lors des 40èmes Journées d’études et de formation de l’URBH, tout comme les retours d’expérience autour de la réutilisation des eaux usées.
Justement, quelles seront les grandes thématiques abordées lors de cette édition 2025 ?
Nous traiterons notamment de la prévention des risques d’incendie dans les blanchisseries hospitalières, un sujet encore peu discuté malgré sa gravité. Il nous semble indispensable de sensibiliser l’ensemble de la profession car, au-delà des dégâts matériels, toute interruption de notre activité impacte directement la continuité des soins. Autre sujet phare : l’intelligence artificielle appliquée aux blanchisseries hospitalières, particulièrement les perspectives ouvertes par les systèmes intelligents de pilotage des flux. Ces technologies nous permettront d’accéder à des indicateurs plus fiables et en temps réel, tout en repositionnant l’humain sur des missions à plus forte valeur ajoutée. Nous parlerons bien sûr aussi de robotique, un domaine en pleine accélération avec l’émergence d’une nouvelle génération d’équipements automatisés, pour le tri au sale comme je l’évoquais plus haut, mais aussi pour l’engagement des éponges, par exemple. À savoir : la sécurité incendie, le recyclage des textiles, l’intelligence artificielle et la robotique seront à la fois traités en session plénière et dans le cadre d’ateliers, avec une restitution des travaux le lendemain.
Qu’en est-il des autres sessions plénières ?
La RSE figurera naturellement parmi les thématiques majeures de cette édition, pour acculturer les congressistes à ses différentes dimensions et ouvrir la réflexion sur les leviers concrets d’application dans nos blanchisseries hospitalières. Nous proposerons également une intervention dédiée aux évolutions récentes du « Guide RABC », document de référence régulièrement actualisé. Dans le même esprit, notre « Guide de la fonction linge dans les maisons de retraite » fera prochainement l’objet d’une révision. Ce sera l’occasion de revenir sur les travaux en cours, tout en abordant les problématiques spécifiques au linge des résidents. Sur ce sujet, nous observons d’ailleurs un phénomène intéressant : plusieurs établissements ayant précédemment externalisé ce traitement auprès d’acteurs privés reviennent aujourd’hui à une gestion en interne. Beaucoup mettent en place un service laverie dédié, mais il est également possible de réintégrer cette activité dans une blanchisserie hospitalière industrielle. Cette dernière option sera développée en séance.
Le mot de la fin ?
Il est difficile de citer tous les temps forts de cette édition anniversaire, mais je terminerai en évoquant deux moments symboliques : la remise du trophée Certification NF EN 14065, co-organisée avec l’AFNOR, qui récompensera cette année la blanchisserie de l’Hôpital intercommunal Baugeois Vallée ; et la remise d’un don à Sidaction, dans la continuité de l’engagement que nous renouvelons chaque année, en apportant notre soutien à une structure œuvrant pour l’intérêt général. En tout état de cause, cette 40ème édition des Journées d’études et de formation marque une étape importante dans l’histoire de l’URBH. Elle témoigne de la vitalité d’un réseau engagé, capable de s’adapter aux évolutions technologiques, environnementales et sociétales. Plus que jamais, ces Journées seront l’occasion d’ouvrir des perspectives pour préparer l’avenir, avec ambition et responsabilité.
> Plus d’informations sur le site de l’URBH.
Journées 2025 : le programme en un coup d’œil
• Jeudi 16 octobre Plénières : (1) Prévention des risques d’incendie dans les blanchisseries hospitalières (2) Intelligence artificielle (3) Recyclage textile, un défi utopique ? (4) RSE : de quoi parle-t-on et comment l’appliquer dans les blanchisseries ? (5) Formation certibiocide (6) Retour d’expérience sur la réutilisation des eaux usées Ateliers : (1) Sécurité incendie : le SDIS de La Rochelle (2) Recyclage des textiles, (3) Intelligence artificielle (4) Robotique (5) Ateliers des partenaires Et aussi : Assemblée générale de l’URBH et élections, Découverte des nouveaux partenaires techniques, Soirée de gala… • Vendredi 17 octobre Plénières : (1) Restitution des ateliers URBH (2) Linge des résidents (3) Guide RABC : quoi de neuf ? Et aussi : Boîte à astuces, Remise du trophée Certification NF EN 14065, Remises des dons à Sidaction, Tombola, Passage de témoin pour les Journées 2026 à Nantes…
• Jeudi 16 octobre Plénières : (1) Prévention des risques d’incendie dans les blanchisseries hospitalières (2) Intelligence artificielle (3) Recyclage textile, un défi utopique ? (4) RSE : de quoi parle-t-on et comment l’appliquer dans les blanchisseries ? (5) Formation certibiocide (6) Retour d’expérience sur la réutilisation des eaux usées Ateliers : (1) Sécurité incendie : le SDIS de La Rochelle (2) Recyclage des textiles, (3) Intelligence artificielle (4) Robotique (5) Ateliers des partenaires Et aussi : Assemblée générale de l’URBH et élections, Découverte des nouveaux partenaires techniques, Soirée de gala… • Vendredi 17 octobre Plénières : (1) Restitution des ateliers URBH (2) Linge des résidents (3) Guide RABC : quoi de neuf ? Et aussi : Boîte à astuces, Remise du trophée Certification NF EN 14065, Remises des dons à Sidaction, Tombola, Passage de témoin pour les Journées 2026 à Nantes…
> Article paru dans Hospitalia #70, édition de septembre 2025, à lire ici